Après vous avoir expliqué les raisons de notre long voyage en Amazonie (du Pérou au Brésil) et de vous avoir parlé du début de ce voyage à Moyobamba dans cet article, nous poursuivons notre route plus à l’est en direction de Tarapoto.
Ici, place au Pérou insolite : direction le petits village (inconnu) de Juanjui et Yurimaguas.
En route, on vous embarque pour de nouvelles aventures amazoniennes !
Comme d’habitude, retrouvez toutes nos adresses et bons plans dans les p’tits conseils à la fin de l’article.
Juanjui, ses cascades, sa selva et ses producteurs de chocolat
Juanjui n’était pas du tout prévu à notre programme. Mais comment s’est-on retrouvés dans cette région complètement oubliée par le tourisme au Pérou ?
Juanjui, parce qu’on dit toujours oui
“Un des grands malheurs de la vie moderne, c’est le manque d’imprévu, l’absence d’aventures“, Théophile Gautier.
On peut dire que depuis notre départ, nous avons la chance d’éviter ce grand malheur puisque l’imprévu est notre quotidien.
Lorsqu’en arrivant à Tarapoto (ville sans grand intérêt selon nous), un hôte de Couchsurfing nous propose de venir passer quelques jours chez lui à Juanjui, nous avons donc comme d’habitude dit « Banco ! »…
… avant de nous demander : mais c’est où ce Juanbidule ?
Après vérification, Juanjui est une petite ville située à 130 km au sud-ouest de Tarapoto. Et c’est comme ça que nous avons été accueillis le lendemain par Caly, un Péruvien au grand cœur, et toute sa petite famille (dont le petit Pierric, son fils de quelques mois, un prénom improbable si loin dans cette selva !).
Caly, qui est guide, nous propose de partir pendant 2 jours / 2 nuits découvrir une réserve naturelle pour laquelle il travaille et les communautés indigènes dont il est originaire.
Et bien une nouvelle fois, « Banco ! ».
La découverte de l’Alto Huayabamba
C’est parti pour de nouvelles aventures dans la vallée de l’Alto Huayabamba dans laquelle l’association Pur Projet a mis en place différentes actions pour assurer la conservation de la nature et la reforestation. Si vous voulez en savoir plus sur ces projets, nous vous invitons à visiter le site Internet de l’association Pur Projet.
La jungle saura une nouvelle fois nous émerveiller. Parmi les instants magiques de ces quelques jours, citons pêle-mêle :
- Les longues heures de bateau (au milieu des familles, des machines à laver, des régimes de bananes et des animaux vivants et morts en tous genres) pour arriver jusqu’au campement situé au cœur de la forêt.
- Les cascades à couper le souffle : s’approcher au plus près de ces géantes, plonger dans leurs eaux glacées, entendre le vrombissement de la cascade, sentir sa puissance, ses vibrations, son souffle sur son visage, fermer les yeux et se sentir vivant.
- Les longues discussions avec les gardes-forestiers, dont nous partagions le campement, qui vivent plusieurs mois par an isolés dans la jungle pour protéger cette nature si fragile et si importante à leurs yeux (et aux nôtres).

L’un des gardes-forestiers de la réserve. Tricoter un filet de pêche pour s’occuper pendant les longues soirées dans la jungle…
- Les nuits passées au milieu de la forêt, à même le sol, sous un abri en bois rudimentaire et avec un simple drap pour s’isoler des bébêtes en tout genre (dont la magnifique mygale qui rôdait à quelques mètres de nous et des nids de guêpes à la piqûre particulièrement douloureuse). Et si tout cela n’était pas suffisant, une fantastique tempête tropicale a décidé de mettre son grain de sel le second soir. Nous n’oublierons jamais le spectacle des éclairs illuminant à intervalle régulier la jungle environnante, les grondements tonitruants du tonnerre et le ruissellement assourdissant des trombes d’eau qui tombaient du ciel. Par Toutatis, on aurait dit que la fin du monde était arrivée mais quelle expérience grandiose !
- La découverte de la culture du cacao. La région de San Martin était en effet dans les années 80 une importante zone de production de coca, avec tous les problèmes que le trafic de drogue implique. Nous y avons même vu l’emplacement d’une ancienne piste d’atterrissage illégale qui était utilisée par les trafiquants Colombiens pour transporter leur marchandise. Une piste d’atterrissage pour des avions, oui. En pleine jungle, sur les bords d’un fleuve, oui, oui. Autres temps, autres mœurs… Mais à partir des années 90, la région s’est reconvertie dans la culture du cacao et travaille avec des producteurs internationaux de chocolat, comme la marque suisse de commerce équitable Choba Choba. Comme nous a expliqué une femme de la communauté de Santa Rosa : « Avant, on gagnait beaucoup, beaucoup d’argent. Maintenant, avec le cacao, on gagne assez pour vivre et au moins il n’y a plus de problème de violence. Nous sommes heureux».
- Une visite inoubliable de la communauté de Dos de Mayo dont était originaire l’un des gardes-forestiers qui tenait à nous faire découvrir son village et ses traditions. Ici, près de 3.000 personnes mènent une vie simple, sur les bords du fleuve.
Regonflés à bloc par ces nouvelles aventures amazoniennes dans la région de Juanjui, nous n’avons qu’une envie, continuer bien sûr !
Yurimaguas, sur les starting blocks
Sur les starting blocks pour quoi nous direz-vous ? Pour entamer un long, très long périple en bateau.
Et oui, à ce stade, nous en avions la certitude. Notre voyage au Pérou DEVAIT continuer en Amazonie, nous emmener toujours plus loin, toujours plus au cœur de la forêt. Nous avons donc décidé (sur les conseils avisés de Milena et Guilhem, un couple de français rencontré en Equateur et que nous remercions 100 fois, 1.000 fois, 1 million de fois !) d’entreprendre une descente du grand, du beau, du majestueux fleuve Amazone.
Le point de départ de cette aventure ? La petite ville de Yurimaguas, située dans la région de Loreto, sur les bords du Río Huallaga et du Río Paranapura.
Une fois de plus, Yurimaguas n’est pas le genre de ville qui séduit par sa beauté architecturale. Mais il fait bon se promener dans les dédales de son marché particulièrement fourni, où les fruits et les légumes exotiques côtoient les poissons amazoniens dignes d’un mauvais Alien, les brochettes de vers grillés (vous savez, ces gros vers blancs…), les décoctions et les graines magiques en tout genre et bien sûr ses vendeurs de hamacs.
Nous en avons donc profité pour faire toutes nos emplettes à Yurimaguas pour notre long voyage en bateau, de notre hamac, aux cadenas en passant par les bâches de protection et tout le tintouin (mais nous vous expliquerons cela en détails dans un autre article, patience…).
Que faire à Yurimaguas une fois vos courses terminées et votre juane dégusté ?
- Ralentir le rythme en prévision du voyage à venir et passer de longues minutes (heures) à regarder le fleuve s’écouler lentement sous vos yeux depuis la terrasse de l’hostel Yacuruña (que nous vous recommandons vivement, voir les p’tits conseils à la fin de l’article).
- Profiter des magnifiques couchers de soleil sur l’Amazonie qui font rougeoyer le ciel et embrasent les nuages.
Et ce n’est que le début de l’aventure…
Après notre visite de l’Amazonie en Equateur, nous étions déjà raides dingues de la demoiselle. Mais nos premières étapes à Moyobamba, Juanjui et Yurimaguas en Amazonie au Pérou nous ont vraiment rendus amoureux fous de la belle.
C’est là que nous avons enfin pu l’approcher à notre rythme, sans tour organisé, sans maquillage et sans subterfuge. Non, l’Amazonie n’est pas que cette forêt dense et impénétrable, peuplée d’animaux sauvages et de tribus reculées qui hante l’imaginaire collectif. L’Amazonie ce sont aussi des villes, des routes, des gens, une vie parfois grouillante, chaotique, bruyante et polluée.
Mais dans tous les cas, l’Amazonie est une région magique, mythique, envoûtante, ensorcelante pour qui prend le temps de se laisser charmer.
Pour notre part, nous voilà accros et loin de décrocher, nous allons monter sur le bateau qui nous emmènera toujours plus loin, vers Iquitos !
Les p’tits conseils pour la route
Hébergement
Tarapoto
Hotel Samak Wasi, Jr. Cahuide # 362, 40 soles la chambre double avec salle-de-bain privative (après négociation). Des chambres propres, plus ou moins confortables. Surtout ne vous fiez pas aux prix affichés, la gérante nous les a diminué de plus de moitié !
Yurimaguas
Hotel Yacuruña, Malecón Shanusi 200, 30 soles la chambre double sommaire avec salle-de-bain commune (après négociation). Les chambres sont très sommaires et les moustiques sont au RDV mais la vue sur le fleuve est superbe et les patrons très sympas.
Ils organisent d’ailleurs des excursions sur plusieurs jours dans la jungle au départ de Lagunas pour environ 120 soles / jour / personne. Nous n’avons pas testé parce que nous avions déjà été en tour en Equateur mais cela semblait être une très bonne option, surtout que les excursions se font en canoë, ce qui permet en principe de voir beaucoup d’animaux.
Visiter l’Alto Huayabamba avec Caly
Si vous souhaitez visiter la région de Juanjui et en apprendre plus sur les communautés locales, nous vous conseillons de prendre contact avec Caly Lopez via Facebook : pour son profil, c’est par ici.
NB : en 2 jours, il n’est pas possible de s’enfoncer suffisamment dans la forêt pour voir des animaux (comme nous avons pu en voir en Equateur). En revanche, si vous avez plus de temps, il semblerait que dans cette région aussi il y ait quelques merveilles animales à observer (mais on ne peut pas confirmer). En revanche, le contact avec les communautés est très intéressant.
Bonne route, bon vent !
2 Comments
Votre récit donne envie de découvrir cette partie du Pérou. Nous n’avions pas exploré cette partie (le pérou est si grand et si riche en lieux à découvrir). Je vois que vous avez eu le droit aux gros vers, on en a gouté en Amazonie côté équateur, une sacré expérience ! Hâte de lire la suite de l’aventure.
Merci Laura pour ton commentaire. C’est vrai que c’est un pays immense. Nous il faudra qu’on y retourne pour le sud et le centre… Et la suite arrive ! 🙂