Suite de notre découverte de la région de Kpalimé au Togo. Aujourd’hui on vous emmène en balade à la découverte de la richesse botanique du pays, dans la forêt de Missahoé. Comme on n’est pas en cours de SVT, on vous a ajouté un peu de piment au programme : serpent, alcool et cascade revigorante !
Kouma Konda, village d’artistes naturels
La visite débute dans le village de Kouma Konda, en pleine nature, à une vingtaine de minutes de moto de Kpalimé. Les manguiers sont partout. Les écoliers en uniforme beige également.
Nous nous promenons dans les rues et découvrons des portes et des volets peints de couleurs chatoyantes.
Surprise ! Point d’acrylique ou de gouache ici, il s’agit de pigments naturellement présents dans la végétation alentours. Notre guide nous en fait la démonstration : l’écorce de l’Arangana donne du jaune, les feuilles de Teck écrasées du rouge, des fougères blanches tatouent la peau, là des feuilles s’oxydent et donnent de l’indigo.
Et ce n’est qu’un échantillon. La seule couleur qui semble manquer à la palette est… le vert !
Nous découvrons également un arbre multifonctions : le Thevetia. Ses racines empoisonnées servent à imbiber les flèches pour chasser. La sève contenue dans ses fruits fait office de colle. Et son écorce est utilisée contre la fièvre typhoïde. Quand on vous dit qu’on trouve tout ici !
La forêt de Missahoé nous livre ses secrets
Puis nous pénétrons dans la forêt, la vraie. Encore une fois, l’abondance de biens nous saute aux yeux : nous trouvons là les habituels avocatiers, manguiers, bananiers… Mais aussi des kapokiers, des arbres imposants dont les cosses contiennent une sorte de coton sauvage, utilisé pour emplir les matelas et les oreillers. Ou bien de l’ébène, ce bois précieux qui pousse ici tranquillement, lentement et a priori à l’abri du déboisement.
Des palmiers à huile, utilisée ici comme huile de cuisson ou pour la fameuse sauce graine que l’on trouve partout dans la région. Des Kaïcenias, dont les branches débitées en petits fagots servent de cure-dent et de passe-temps aux vieux. Des kolatiers. Vous connaissez les kolatiers ? Mais si, c’est la partie « Cola » du Coca ! Des noix grenat et amères, tellement chères qu’elles servent de dot de mariage dans la région, et donc également à l’origine, ingrédient de base du Coca-Cola…
Au détour d’un ruisseau, des papillons multicolores profitent de la fraîcheur créée par le cours d’eau, tandis qu’une femme lave son enfant dans la quiétude du sous-bois.
Plus loin, une odeur âcre se fait sentir. Il s’agit d’un Mamba noir, tout proche. Pas de souci, c’est juste l’un des serpents les plus dangereux d’Afrique. Relax. Le serpent est en pleine mue et c’est cette odeur que nous percevons. Nous demandons à notre guide, bravaches, si nous allons aller le chercher. Il nous dit qu’en cas de morsure on a plus qu’à aller à l’hôpital. Vite. Et que le Mamba vert ne laisse que 30 minutes de vie à sa victime. Glups. Les locaux mangent la chair des Mambas. Ils vont les débusquer dans leurs terriers avec une technique simple : un courageux met la main, protégée par une épaisse couche de tissus, dans le trou, et une fois que le serpent mort, on tire…
Des jerrycans parsèment à présent notre chemin. Ils sont placés sous des troncs d’arbres couchés. Ce sont des palmiers. Et c’est leur jus qui coule dans les bidons.
Evidemment, du jus de palme, c’est sympa, mais de l’alcool de palme, c’est mieux. Alors on laisse fermenter le liquide pour qu’il rende joyeux. Nous rencontrons les vignerons locaux, déjà guillerets en cette fin de matinée. L’œil vitreux, ils nous expliquent le processus, nous font goûter leur production. Pas mauvais, ça ressemble vaguement à du cidre. Puis ils nous proposent l’apéro : des scarabées.
Comme rien ne se perd, on peut élever dans le tronc ouvert des palmiers, des vers blancs et juteux, à faire frire. Et s’ils se sont déjà métamorphosés en scarabées, et bien on les fait frire aussi, allez !
Mont Kloto et cascade de Wome
La chaleur humide de la forêt de Missahoé commençant à peser, il est temps de prendre de la hauteur et de grimper au sommet du Mont Kloto. De là, outre un vent frais et délicieux, on profite d’une belle vue sur les collines environnantes, avec le Ghana au loin.
Allez, après toute cette marche, un petit plongeon dans une cascade tropicale s’impose !
En route donc pour la cascade de Wome, l’une des nombreuses cascades de la région de Kpalimé. La route, puis la piste sont dans un état déplorable. C’est au-delà du Paris-Dakar. Enfin, 166 marches plus bas, la cascade se dessine d’abord par le son du clapotis de l’eau. Puis par les pierres glissantes et mousseuses, et enfin nous y sommes.
Une petite cascade, dans son écrin de verdure sauvage. Un décor digne de Jurassic Park. Des fougères géantes, des palmiers grandioses, des lianes qui perlent d’une eau pure et des branches qui ruissellent de cette fraïcheur liquide. On plonge et on se délecte de cette eau vivifiante.
On est bien, très bien, au cœur du Togo.
Les p’tits conseils pour la route
Vous pouvez organiser vos explorations avec l’association Adetop, qui vous permet de faire votre programme à la carte. Nous avons pour notre part tout organisé avec Sadikou, transport à 3 sur une moto, choix d’hébergement et de restauration à notre guise, randos et visites de notre choix. En tout et pour tout, guide, entrées, chambres et repas, nous en avons eu pour 60.000 Francs CFA, soit 91€ pour deux et pour deux jours.
Dormir à Kouma Konda :
Auberge Le Nectar, chambre impeccable pour 7000 Francs CFA.
Dormir à Kpalimé :
Le Bafana Bafana, 5000 Francs CFA la chambre en plein centre-ville.
Manger à Kpalimé :
Au marché ! La profusion de produits frais y est phénoménale !
Bonne route, bon vent !
2 Comments
[…] qui offre une vue dégagée jusqu’au Ghana. Au nord-ouest, à la frontière ghanéenne, la forêt de Missahohé est célèbre pour ses […]
Bonjour ,Vraiment très intéressant votre article.