Point d’orgue de notre découverte du Mozambique et surtout dernière étape de notre tour du monde, Ibo et l’archipel des Quirimbas devaient nous donner plage, lagons turquoise et des souvenirs plein la tête. Mais ce ne fût pas si facile…
De transports locaux en bateaux sans matelots, récit de notre escapade à Ibo, en quête du lagon ultime.
Une arrivée mouvementée
On vous en parlera, les transports mozambicains ne sont pas de tout repos. Alors quand en plus des 19 heures de bus, ajoutées à 10h dans des chapas (minibus de 18 personnes remplies de 50 passagers), additionnées à 4 heures dans la benne d’une camionnette affrétée à 3h du matin, viennent se greffer quelques heures d’attente pour prendre un dernier bateau avant le bonheur… Et bien ce n’est pas grand-chose, on peut attendre, que diable !
Avec nos sacs à dos au milieu des sacs de farine, de riz, de manioc ramenés de la ville, on discute en portugnol (vous savez, ce savant mélange de français, d’espagnol et de portugais) avec les habitants d’Ibo. La marée monte, le bateau arrive, on le rate grâce aux mauvais conseils de quelques vilains zozos qui voulaient nous soutirer quelques billets, et qui ne récolteront que nos insultes (en portugnol, donc !). Pas grave, on se débrouille pour filer à travers la mangrove à bord du zodiac supersonique du Ibo Lodge qui passait par là, et enfin nous voilà sur Ibo !
Du bon, du beau, du Ibo
Première impression : Ibo, c’est beau. Oui c’est facile, mais on vous rappelle qu’on en est à 48h de trajet… Entourée de mangrove au milieu de l’océan, l’île est posée là comme un question. Pourquoi les Portugais sont-ils venus construire une ville ici ? Des forts ? Une église ? Rien ici ne fait vraiment sens. Pourquoi ces bâtiments fantômes d’une colonie fantoche ?
A longueur que nos pas nous portent du marché presque vide aux arrières cours bruyantes, un doux sentiment d’abandon nous envahit. Parcourir les rues poussiéreuses d’Ibo, c’est céder au lâcher prise. Dire « Ola ! » à chaque enfant qui passe (et il y en a beaaaaaucoup !), se laisser prendre par la main par ces mêmes enfants, qui veulent juste vous parler, qui vous accompagnent jusqu’à votre destination sans rien demander d’autre qu’une occupation pour tromper l’ennui quelques instants. On partage notre anglais contre leur portugais, on danse et on chante avec eux dans la rue…
Se balader à Ibo, c’est arpenter les mêmes ruelles jour après jour, découvrant là une mosquée ou un fort abandonné, ici des singes courant sur les toits. C’est enfin trouver l’hôtel Cinco Portas, et sa piscine accessible contre un coca, profiter de son calme face à la mangrove et laisser le temps couler.
Escapades dans les Quirimbas
Mais il n’y a pas que la piscine dans la vie. Quirimba, Rolas, Matemo, Ibo, voici quelques-unes des îles composant l’archipel des Quirimbas. Tout en étant basé à Ibo, il est très tentant d’aller explorer les terres perdues de ce chapelet d’îles. Et pour cela, une solution : le bateau (on vous donne les détails de l’organisation dans les p’tits conseils en fin d’article). Et on ne parle plus de zodiac rutilant ici, mais plutôt du fameux dhow traditionnel. Un bateau rustique, à voile rafistolée. Pas adapté pour le Vendée Globe, mais en accord avec les standards du Mozambique.
Nous voilà donc embarqués sur ce frêle esquif, direction Rolas et Matemo, en compagnie de nos deux bateliers et de notre « portugnol » approximatif…
A Rolas, île habitée seulement ponctuellement par quelques pêcheurs, nous découvrons en snorkeling des coraux splendides habités par une foultitude de poissons multicolores.
Certains que l’on n’avait jamais vus, ni aux Caraïbes, ni en Asie, ni aux Amériques. Du neuf, donc, sur un récif où nous sommes absolument les seuls touristes. L’eau est chaude, le courant inexistant, la visibilité parfaite… Que demander de plus ?
Après une courte escapade sur Rolas, nous voguons vers Matemo, une île bien plus grande, bordée d’une sublime plage de sable blond, des cocotiers tout du long, et d’eaux turquoise comme on osait plus en rêver.
Le lagon tant attendu est là, nous l’effleurons des doigts, l’eau est tiède et accueillante, cartepostalesque et magnifique. On s’y engouffre comme dans un sommeil d’ivresse.
Notre capitaine, infatigable, nous propose de préparer un poisson à la mode mozambicaine. Feu de noix de coco et cuisson douce.
Plantage de tente sur la plage. Exploration d’un lodge à l’abandon, tentative de luxe vouée à l’échec sur cette île trop reculée. Pêche (infructueuse) depuis le ponton dudit lodge, comme si les poissons eux aussi avaient déserté. Feu de camp sur la plage, ciel d’étoiles infinies… Moments magnifiques, hors de tout cadre défini. Notre capitaine s’endort paisiblement sur la plage, nous assurant de sa protection.
Mais que peut-il nous arriver sur cette île déserte, qui restera comme le point d’orgue de ce voyage mozambicain, et la touche finale de notre grand voyage ?
Les p’tits conseils pour la route
Se rendre à Ibo :
Depuis Pemba, un chapa (qui sera les ¾ du temps un petit camion/pickup où vous serez entassés dans la benne avec les marchandises) part à 3h du matin. Vous pouvez demander à votre hôtel qu’il passe vous chercher. 300 Meticais par personne. Prévoyez une couverture, il fait froid à l’arrière et dans la nuit. Avantage : regarder les étoiles filantes dans la nuit noire, c’est chouette. 4h de trajet jusqu’à l’embarcadère (un grand baobab et un ponton tout neuf vous indiquent que vous y êtes).
Là, attendez le bateau pour Ibo sans écouter les escrocs qui vous appellent « my friend ». Il n’y a qu’un bateau par jour, qui vient d’Ibo avec la marée et y repart immédiatement, il coûte 70 Meticais. Pour le repérer, suivez tous les gens qui montent dessus. Encore une fois, passez outre tous ceux qui vous diront que « ce n’est pas le bateau, attendez le suivant, celui-ci va d’abord sur une autre ile » etc… Montez sur le bateau avec les mamas et les vieux, qui sont d’ailleurs de confiance. Si un vieux vous dit de le suivre sur le bateau pour Ibo, suivez-le. Si par malheur vous ratez le bateau, vous serez obligés de négocier avec les rapaces qui n’attendent que ça. Bonne chance !
Se loger :
A Pemba : vous arriverez probablement dans la soirée à Pemba si vous venez d’Ilha de Moçambique. Dans ce cas, peu d’options. Dormez en centre-ville, au Residencial Lys. 1200 Meticais la chambre double sans sdb. Ouch. Avantage : le chapa viendra vous y chercher à 3h. Jeu : trouvez la sdb flambant neuve cachée dans l’hôtel !
A Ibo : Karibuni, camping à 120 Meticais/personne, chambre double sommaire et sans sdb à 400 Meticais, avec sdb à 700 Meticais. Le cuisinier est très sympa, nous avons appris à préparer les calamars avec lui, il ne demande qu’à discuter et peut vous emmener « bailar » toute la nuit.
Attention : à Ibo, 2 escrocs notoires qui vous tomberont sans doute dessus: Armando et Shafeem. Des grands sourires, beaucoup de blabla mais ne leurs faites aucune confiance : ils ont par exemple voulu nous faire payer une taxe d’entrée dans le parc national, faux document à l’appui. Sachez qu’il n’y a aucune taxe à payer pour l’archipel des Quirimbas.
Pour organiser vos sorties, Benjamin est la personne qu’il vous faut. Recommandé par tous, il est effectivement fiable et honnête. Nous avons organisé avec lui notre sortie de 2 jours en bateau, 1 nuit sur Matemo. Nous étions 6 et avons payé 7500 Meticais. Nourriture non incluse, nuit gratuite.
Bonus : profitez de la piscine de l’hôtel Cinco Portas en ne payant qu’un coca à 70 Meticais. Luxe, calme et volupté.
Partir d’Ibo :
Demandez à Cinco Portas la veille à quelle heure part le bateau. Ils vous donneront l’horaire des marées (le bateau part à marée haute, l’horaire change donc chaque jour) et appelleront le capitaine pour vérifier. Avant de monter dans le bateau, achetez votre ticket à 70 Meticais sur le ponton. A l’arrivée, grimpez dans un chapa à 300 Meticais pour Pemba par exemple. Depuis Pemba, si vous allez à Nampula, sachez qu’il y a un bus à 3h du matin, et un autre à 13h. Rendez-vous à la station Nagi Bus sur la Praça dos Herois. 500 Meticais
Bonne route, bon vent !
3 Comments
Jolie destination pour terminer un tour du monde 🙂 Un article chargé de conseils… J’en prendrai note si j’irai un jour au Mozambique !
Merci Florence !
Quirimbas est l’un des plus beaux archipels que je connaisse! J’ai vraiment adoré le calme et la plongée (https://dive.site/fr/explore/site/collosseum-8o5o) est incroyable!